في مراسلة وصلتنا من السيد كريم بن ابراهيم, 39 سنة وموظف سابقا بالسفارة التونسية بلندن أراد من خلالها رفع مظلمة سلطت عليه بإشراف من صهر الرئيس المخلوع "صخر الماطري".
وقد رفع دعوة قضائية ضد صخر ولكن حسب ما فهمه فهو لن يحقق أي هدف بعد أن حصل جلاده على حق اللجوء السياسي في دولة قطر. لذلك فهو يطلب بكل لطف من السيد وزير الشؤون الخارجية بإعادته إلى العمل.

وننشر لكم هذه الوثائق التي فيها سرد دقيق لما تعرض له السيد كريم من الهارب صخر الماطري...





وهذه رسالته كما وصلتنا:
A la Haute Attention de l'admin du Web Tunisia. Je m’appelle Karim Ben Brahim, tunisien âgé de 39 ans, ancien fonctionnaire de l’ambassade de la Tunisie à Londres (de 2006 à 2009), originaire de la ville côtière de Hammam Sousse, marié et père de deux garçons âgés respectivement de 5 et de 12 ans. Je vous écris cette lettre pour vous raconter mon clavaire sous la dictature de l’ancien dirigeant tunisien Ben Ali, tout en espérant pouvoir vous faire écouter un cri de détresse d’un homme qui s’est vu s’acharner sur lui et sur sa famille les foudres d’un régime totalitaire et sanguinaire.

J’ai été, par les obligations de mon travail, souvent amené à s’occuper des membres de l’ancienne famille régnante et de leur servir de guide lors de leurs passages à la capitale britannique. Parmi ces personnes, une figure du premier plan du clan Ben Ali à savoir son gendre (mari de sa fille ainée Nesrine issue de son deuxième mariage avec son actuelle épouse Leila Trabelsi) : Sakher El Materi, 30 ans, un très prospère homme d’affaire et un personnage très influent, désigné par les observateurs pour être le dauphin et possible successeur de monsieur Ben Ali. Actuellement, et suite à la révolution tunisienne, monsieur Materi semble avoir élu domicile à Doha, la capitale qatarie. Objet d’un mandat d’arrêt international émis par les nouvelles autorités tunisiennes, il semblerait avoir pu obtenir le statut de réfugie politique au Qatar.

Mon histoire avec monsieur Materi, a commencé un jour de l’année 2008, où de visite à Londres, il sollicita mon aide pour créer, sous son propre nom, un compte sur le réseau communautaire mondial de Facebook, sous prétexte de vouloir enregistrer l’adresse IP du compte en dehors de la Tunisie et d’échapper ainsi à la vigilance des services policiers tunisiens à la solde de propre femme ( via son père, l’ex président ben Ali), celle-ci étant, pour des raisons que je devrais méconnaitre, totalement opposée à ce que son époux , monsieur Materi, ait un compte Facebook en son nom. J’ai été amené évidemment, n’étant pas dans une position de pouvoir discuter les instructions de monsieur Materi, à exécuter la « mission » en lui délivrant aussitôt crée, le mot de passe nécessaire pour accéder à son compte Facebook. Quelques mois passés, Sakher el Materi, m’appela depuis la Tunisie pour m’ordonner de me connecter, à partir de Londres, au compte afin de le désactiver : sa propre femme s’étant mise au courant de l’existence d’un profil propre à son mari sur la toile. Aussitôt le compte clôturé, monsieur Materi me rappela pour m’ordonner de me livrer aux services de sécurité de l’ambassade et de signer un papier officiel en termes duquel, je reconnaitrais avoir crée ce même compte Facebook et ce, complètement à l’insu de l’intéressé lui-même !!! Ce que j’ai évidemment, refusé de faire, étant complètement contraire à la vérité et au déroulement réel des faits.

De retour en Tunisie pour mes vacances annuelles, le 03 Février 2009, un comité d’accueil spécial m’attendait à 23 heures exact heure locale, sur le tarmac de l’aéroport de Tunis Carthage : je fus kidnappé, tête encagoulée, par trois sbires de la police de monsieur Ben Ali et emmené manu militari au siège de « la sureté de l’état » (police politique) annexé au bâtiment du ministère de l’intérieur sis à l’avenue Habib Bourguiba à Tunis. Pendant ce temps là, ma famille étant alertée par moi-même de mon départ de Londres et de mon arrivé à Tunis, est resté sur place à l’aéroport très inquiétée de « mon étrange disparition ».

Arrivé aux sous-sols du siège de la police politique, un calvaire de quatre jours commença aussitôt : je fus complètement dévêtis, accroché au plafond dans la fameuse position du « poulet rôti » (voir l’annexe joint à cette lettre), frappé sur tout mon corps jusqu’à ce que je perdais connaissance, privé de la nourriture, inondé par moment par l’eau glacée et ayant subi des tentatives de viol et des menaces de m’enfoncer des matraques dans l’anus. La pression morale, les insultes et les menaces de m’exécuter personnellement ou de viser physiquement ma femme et mes deux enfants étaient évidemment au menu quotidien. On me tortura pendant quatre jours et quatre nuits sans même me dire ce qu’on me reprochait !!

Je le sais maintenant, à postériori, la torture et les sévisses que j’ai dû subir (en présence d’ailleurs d’un médecin dont la mission était de garantir que je ne succombais pas à mes blessures et de permettre à mes tortionnaires de prolonger le plus longtemps possibles mon calvaire !!!) n’était qu’une préparation de ce qui m’attendais à la suite : emmené dans le bureau personnel du Directeur De la Sureté Nationale (de facto, ayant sous sa tutelle toutes les forces de l’ordre du pays : police, garde nationale, police politique…), ce dernier m’a agressé verbalement et physiquement (il m’a giflé à plusieurs reprises et m’a frappé avec une chaise sur le dos alors que j’étais menotté et bien gardé par ses sbires) avant de m’ordonner de reconnaitre « mon crime » : avoir crée un compte Facebook au nom de monsieur Sakher El Materi, gendre du Président Ben Ali, toujours à son insu !!!C’était la première fois depuis quatre jours et après ce long calvaire entre les mains des sbires du régime dictatorial que je savais enfin ce qu’on me reprochait !!!

J’ai beau dit et insisté sur la vérité et sur le déroulement des faits tels que je le savais, car la vérité, il y en avait qu’une seule : j’ai crée un compte Facebook au nom de monsieur Materi sur un ordre personnel de l’intéressé lui-même, il était au courant de tout, dés le début, j’ai simplement agi pour répondre à une demande ayant émané de sa propre volonté : personne des mes tortionnaires ne voulait m’écouter. On voulait coûte que coûte me faire signer un procès verbal reconnaissant « les faits » (selon leur version), chose qu’ils n’ont pas réussir à obtenir. J’ai refusé d’abdiquer en dépit de leurs menaces de m’inculper dans une affaire de trafic de stupéfiants. « On prétendra la saisie d’un Kilo de cocaïne dans tes bagages » me menaçait-on.

On me demanda après de consigner sur papier les noms de toutes mes connaissances parmi les natives de ma ville natale et on me précisa qu’on voulait les noms de personnes de « sexe masculin ». Au même moment un officier m’a demandé de lui fournir le numéro de mon épouse qu’il a appelé en ma présence sous prétexte de lui fixer un rendez-vous dans une des stations bus de la capitale afin de lui remettre mes effets personnels. Il se limitera en la rencontrant à lui signifier que j’étais noyé dans « une affaire très grave ».

On me ramena le lendemain, une personne issue de ma ville natale, laquelle je la connaissais à peine et probablement pas rencontré depuis au moins une dizaine d’année, un homme qui s’appelle Maher Lahwar, on le mit devant moi et on nous dit tous les deux : voilà, on vous a attrapé, la veille, tout les deux « en flagrant délit » entrain d’avoir une relation de nature homosexuelle dans un parc public sis à la capitale Tunis !!

Le pauvre garçon, était évidemment bien préparé pour reconnaitre « les faits » : connu pour être quelqu’un d’analphabète et de simple d’esprit, il a été kidnappé devant un café par la police et emmené illico presto de Hammam Sousse jusqu’à Tunis (des témoins oculaires attesteront de tout ceci). Il a été menacé et contraint de « choisir » entre le fait d’être inculpé dans une affaire de consommations de stupéfiants (car il en avait un antécédent) ou de reconnaître les faux faits du parc. Sous la contrainte physique (lui aussi a été maltraité) et morale (menacé de s’en prendre physiquement à ces deux enfants) il a fini par reconnaitre, devant ma plus grande stupéfaction, des faits qui évidemment n’ont jamais eu lieu.

Passé devant « le juge » pour un procès expéditif au terme duquel j’ai été condamné à six mois de prison ferme par un magistrat, qui à juste rappel vient d’être récemment (après la révolution du peuple tunisien) avec cinq autres de ses pairs, radié définitivement des rangs de la magistrature pour faits de corruption et de connivence avec le régime du dictateur déchu. Monsieur Lahwar a beau expliqué au juge avoir reconnu les faits sous contrainte, les témoins ont beau juré avoir vu les policiers kidnapper le pauvre garçon de Hammam Sousse, ma famille et mon passeport attestaient bien de mon arrivée de Londres le 03/02/2009 et de ma disparition pendant 4 jours, mes avocats ont beau pointé les irrégularités dans le dossier : on ne voulait écouter personne ni faire valoir la logique ou la raison (un père de famille qui rentrait d’un long voyage, en manque cruel de sa famille et de ses deux enfants, qui au lieu de courir à leur rencontre, se permette le luxe d’une aventure sexuelle dans un parc public !!!). Passée l’étape de la première instance, ma requête devant le tribunal d’appel fut à son tour rejetée.

Passé quatre mois et demi d’emprisonnement, j’ai été libéré en juin 2009 sous le régime conditionné, mon calvaire ne s’est pas arrêté à ce stade, je faisais depuis, l’objet d’une mesure administrative arbitraire d’interdiction de voyage (je me trouve donc dans une incapacité totale de réintégrer mon poste de travail à Londres), je devais composer aussi avec les mesures policières de surveillance de tous mes déplacements et d’écoute sur mes communications téléphoniques. A ce jour, je suis un homme brisé, privé de son travail et un père de famille peinant à subvenir aux besoins des ses deux gosses vivant le jour au jour grâce, en grande partie, à la charité des uns et des autres de mes connaissances.

Je vous ne cache pas, Monsieur, que l’avènement de la révolution de mon peuple et le départ du dictateur, m’a donné grand espoir et a fait renaitre en moi une lueur aussi infime qu’elle pouvait l’être, pour faire valoir la vérité, pour me rétablir dans mes droits humains les plus fondamentaux, pour voir enfin, se redessiner un sourire de joie sur le visage de mon ainé, qui, je le sente bien et j’en souffre cruellement, peine à composer avec le père brisé que je le suis.

Cette lueur d’espoir, s’est vu vite être dissipée, si éphémère qu’elle l’a été. Quoique, j’ai pu et pour la première fois, porter plainte devant la justice de mon pays nommément contre monsieur Materi étant le principal commanditaire et instigateur de mon affaire et contre mes tortionnaires de la police politique, je me trouve aujourd’hui confronté à une sorte de mur infranchissable d’une quelconque omerta nationale et à un fort élan corporatiste au sein de l’appareil judicaire de mon pays qui ne semble être libéré du joug de la dictature et de la corruption qui le gangrènent. On me l’a indirectement signifié : tu ne pourras aller trop loin dans ton affaire ni espérer grand-chose !!

Si je vous écris aujourd’hui, c’est pour pousser un dernier cri de détresse, un ultime appel à l’aide. Seul et démuni, j’en suis conscient que je mène dans mon propre pays une bataille perdue d’avance. Je ne peux à ce stade que me tourner vers votre bienveillance et vers la justice pour faire valoir la vérité et obtenir condamnation de mes tortionnaires et tous ceux qui ont œuvré à me détruire, à me réduire au néant et à ôter à mes deux fils leurs droits les plus fondamentaux, leurs raisons d’êtres : leur innocence et leur joie de vivre.

Sachez-bien Monsieur, qu’en vous écrivons cette lettre, je tente mon ultime recours. Un dernier espoir qui me redonnera peut être confiance que justice sera faite sur terre. Répondez, je vous-en implore, à la détresse de toute une famille et à celle de deux enfants qui ont tous souffert de la pire des injustices.

Aidez-moi, je vous-en conjure.

Je resterais, Monsieur, totalement à votre disposition pour vous fournir, éventuellement tout autre renseignement qui vous sera nécessaire et pour répondre à toutes vos questions. Je tenais à préciser aussi que ma propre histoire a été relatée par la presse (et ce depuis mon arrestation et ma condamnation en 2009) grâce notamment au courage de journalistes honnêtes qui n’ont pas hésité à braver la dictature, j’en citerai le journaliste français, Monsieur Nicolas Beau spécialiste de la question tunisienne et le journaliste et dissident tunisien de l’époque, Monsieur Slim Bagga.

Ceci étant, je vous prie, Monsieur, de croire à l’expression de ma plus haute considération

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